Entre admiration et hostilité, Olivier Giroud a souvent été jugé à travers le prisme Karim Benzema. Une blessure morale qu’il n’a jamais oubliée.
Olivier Giroud n’a jamais laissé indifférent. Buteur record de l’équipe de France, champion du monde en 2018, figure respectée du vestiaire bleu, il traîne pourtant une cicatrice invisible. Une « blessure morale » née non pas d’un tacle ou d’une déchirure musculaire, mais des critiques répétées d’une partie du public français.
Le poids des sifflets
Retour en juin 2016. Match amical à Nantes, la France affronte le Cameroun en préparation de l’Euro. Paul Pogba adresse une offrande, Giroud conclut. Mais au lieu d’applaudissements, le stade résonne de sifflets. Pour l’attaquant, c’est un choc.
Il vient de marquer, et pourtant, une partie du public lui fait payer l’absence d’un autre : Karim Benzema.
Dans son entretien accordé à la chaîne YouTube Carré, Giroud l’avoue : il n’a jamais compris cette haine, cette injustice. Lui n’avait rien demandé, il jouait son rôle, celui de buteur, sans chercher à profiter du départ de son coéquipier.
Giroud-Benzema, un faux duel
Car c’est bien là que tout se joue. L’éviction de Benzema, décidée par la Fédération française de football en 2015 après l’affaire de la sextape, a bouleversé la hiérarchie des Bleus. Giroud est devenu numéro un par défaut, cible idéale d’un public frustré.
Les supporters projetaient sur lui le vide laissé par Benzema. Comme si sa présence empêchait celle de l’autre. Comme si un attaquant pouvait être coupable d’une mise à l’écart qui ne dépendait en rien de lui.
L’affaire Benzema : rappel des faits
En 2015, Karim Benzema est mis en examen pour « complicité de tentative de chantage » dans l’affaire de la sextape de Mathieu Valbuena. La FFF, sous la présidence de Noël Le Graët, choisit de l’écarter.
Conséquence : six ans loin des Bleus, absence à l’Euro 2016 et au Mondial 2018, deux compétitions majeures.
Son retour en 2021 a fait couler beaucoup d’encre. Talent indéniable, mais relation complexe avec le groupe et le staff. À la Coupe du Monde 2022, une blessure avant le premier match met fin à son tournoi. Il ne rejouera plus pour la France, annonçant sa retraite internationale après la finale perdue contre l’Argentine.
“Déçu de le voir partir”
Face aux rumeurs de rivalité, Giroud a toujours voulu clarifier. Dans l’interview, il insiste : il n’a jamais souhaité le malheur de Benzema. Au contraire. Lors de son départ précipité du Mondial 2022, Giroud affirme lui avoir envoyé un message de soutien. Il était « sincèrement déçu » de le voir quitter l’aventure.
Pas de joie mal placée, pas de revanche silencieuse. Juste un respect mutuel entre deux attaquants que l’histoire a longtemps opposés dans le débat public.
Reconnaissance tardive
Aujourd’hui, Giroud peut sourire. Le public français a fini par reconnaître son importance. Buteur historique des Bleus, modèle de professionnalisme, il a su faire taire les critiques par ses performances. Mais cette réconciliation est venue tard, après des années de méfiance.
Entre ce qu’il vivait en interne – le soutien des coéquipiers et du staff – et l’image renvoyée par les tribunes, l’écart était immense. « Blessure morale », le mot est lâché. Car ce rejet a longtemps pesé plus lourd que les chocs physiques.
Une fin ouverte pour Giroud ?
Officiellement, Giroud a pris sa retraite internationale après l’Euro 2024. Mais dans l’entretien, il laisse une porte entrouverte : si Didier Deschamps avait un besoin urgent, il répondrait présent. Un aveu qui dit tout de son attachement au maillot bleu, malgré les épreuves.
L’ombre et la lumière
L’histoire de Giroud en équipe de France est paradoxale. Décisif, mais pas toujours aimé. Critiqué, mais indispensable. Célébré tardivement, mais entré dans l’histoire.
Face aux sifflets de Nantes, il a plié sans rompre. Face au poids de Benzema, il a tenu son rôle sans arrogance. Sa carrière restera marquée par cette cicatrice, invisible mais bien réelle : celle d’un homme jugé coupable d’un choix qu’il n’a jamais fait.
Bref, Olivier Giroud n’est pas qu’un buteur record, il est aussi le symbole d’une époque agitée des Bleus. Entre polémiques, injustices et revanche silencieuse, son récit dit beaucoup du rapport entre football et opinion publique. Et rappelle que les blessures invisibles, celles infligées par les tribunes, sont parfois les plus difficiles à soigner.
FAQ — Giroud & Benzema (accordéon)
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