Steven Gerrard a encore frappé. Invité du podcast de Rio Ferdinand, l’ancien capitaine de Liverpool a rouvert un vieux dossier en qualifiant l’arrivée d’El-Hadji Diouf à Anfield en 2002 d’erreur de recrutement Diouf. Deux décennies après leur cohabitation, Gerrard campe sur sa position : selon lui, Liverpool aurait commis une “erreur monumentale” en préférant le Sénégalais à Nicolas Anelka. Mais derrière cette sortie tranchée, une question persiste : le jugement de Gerrard est-il vraiment juste ou relève-t-il d’une vision biaisée par leur relation tendue ?
L’erreur de recrutement Diouf selon Gerrard : une décision “émotionnelle” de Liverpool
Pour Gerrard, le constat est simple : Liverpool s’est laissé aveugler par la Coupe du Monde 2002. À ses yeux, le club a recruté Diouf sur la base de quelques matchs brillants avec le Sénégal, sans évaluer suffisamment sa régularité. Le capitaine des Reds affirme que le club aurait dû signer Nicolas Anelka, alors en prêt à Anfield et déjà rompu aux exigences de la Premier League. Dans le podcast, Gerrard explique que Diouf représentait “un mismatch total avec l’ADN du club” et que le vestiaire n’a jamais trouvé la bonne connexion avec lui.
Il est vrai que Diouf n’a pas laissé de trace indélébile à Liverpool. En deux saisons, il n’a inscrit que six buts toutes compétitions confondues. Mais réduire son transfert à une erreur impulsive, c’est oublier le contexte. En 2002, El-Hadji Diouf n’était pas un feu de paille. Il venait de remporter deux Ballons d’Or africains consécutifs, d’emmener le Sénégal en finale de la CAN et d’éblouir le monde face à la France et à la Suède au Mondial. Sur le papier, son recrutement faisait sens.
Diouf avant Liverpool : bien plus qu’un “coup de Coupe du Monde”
Avant son arrivée en Angleterre, Diouf était l’un des talents les plus prometteurs du football africain et européen. Au RC Lens, il avait été le moteur d’une équipe vice-championne de France. Sa vivacité, sa technique et son tempérament de feu faisaient de lui un joueur spectaculaire, capable de renverser un match à lui seul. Dire que Liverpool l’a recruté uniquement sur la base de quatre ou cinq matchs internationaux, comme le prétend Gerrard, revient à ignorer des mois de performances solides en club et sur la scène africaine.
Son doublé de Ballons d’Or africains (2001, 2002) témoigne d’une constance exceptionnelle. Le Mondial 2002 n’a pas créé Diouf : il l’a révélé aux yeux du monde. Et s’il a été élu meilleur joueur de la CAN quelques mois avant, c’est bien qu’il avait déjà atteint un niveau d’élite avant d’arriver en Angleterre. En réalité, le pari Liverpool – sur le plan sportif pur – était loin d’être absurde. Le problème, lui, était ailleurs.
Une relation explosive entre Gerrard et Diouf : plus qu’une incompatibilité sportive
Leur cohabitation à Anfield a rapidement tourné à l’aigre. Deux personnalités opposées, deux cultures footballistiques différentes et une tension grandissante dans un vestiaire en pleine mutation. Gerrard, capitaine exemplaire et produit du centre de formation, incarnait la rigueur, la loyauté et la discrétion. Diouf, star montante du football africain, aimait briller, provoquer et affirmer sa personnalité. Cette opposition de styles a nourri un fossé humain impossible à combler.
Les récits des anciens coéquipiers évoquent des disputes à la mi-temps, des échanges musclés, voire un mépris mutuel. Gerrard n’a jamais caché son aversion : dans son autobiographie, il confie que Diouf était “le joueur qu’il aimait le moins”. Diouf, lui, ne s’est jamais laissé faire. Il a plusieurs fois accusé Gerrard d’arrogance et même de racisme, affirmant : “Il se croit Dieu à Liverpool, mais il ne m’a jamais respecté.” Une guerre verbale qui continue encore aujourd’hui, preuve que la blessure est loin d’être refermée.
Revoir l’“erreur de recrutement Diouf” : et si Gerrard se trompait ?
Gerrard a raison sur un point : El-Hadji Diouf n’a pas répondu aux attentes de Liverpool. Mais affirmer qu’il n’aurait jamais dû être recruté est une simplification. Le vrai problème, ce n’était pas le talent de Diouf, mais le contexte dans lequel il est arrivé. Liverpool de l’époque n’avait pas l’environnement idéal pour accueillir un joueur au caractère fort et au jeu instinctif. Dans un vestiaire dominé par la culture britannique, l’expression individuelle avait peu de place. Diouf, avec son tempérament libre, n’a jamais trouvé sa place.
D’un point de vue purement factuel, Gerrard passe sous silence les performances de Diouf avant son arrivée. Son influence au RC Lens, son parcours en sélection et ses distinctions individuelles prouvent que Liverpool n’a pas recruté “au hasard”. L’idée d’un coup de tête basé sur le Mondial est injuste. Et si Gerrard insiste tant sur cet épisode, c’est peut-être parce que leur mésentente personnelle a brouillé son jugement. Il ne critique pas seulement un transfert raté, il rejoue une histoire d’ego et de rancune.
Au-delà de Liverpool : Diouf, symbole d’une génération et fierté africaine
Malgré son passage mitigé en Premier League, Diouf reste une figure respectée sur le continent africain. Son influence dépasse largement les frontières du club. Il a incarné l’émergence du football africain au début des années 2000, en prouvant que des joueurs venus d’Afrique pouvaient briller sur la plus grande scène mondiale. Son caractère fort, souvent mal compris en Europe, a pourtant inspiré une génération entière de jeunes footballeurs sénégalais.
Pour beaucoup, le conflit Gerrard-Diouf illustre surtout un malentendu culturel plus qu’un échec professionnel. Gerrard défend une conception britannique du football collectif, Diouf revendique une identité africaine fière et expressive. Deux univers que Liverpool, à l’époque, n’a pas su réconcilier. Et si “l’erreur monumentale”, finalement, n’était pas d’avoir recruté Diouf, mais de ne pas avoir compris comment tirer parti de ce qu’il représentait ?
Conclusion : l’erreur de Gerrard, c’est peut-être son jugement
L’erreur de recrutement Diouf, selon Gerrard, symboliserait une faute de casting sportive. Mais à y regarder de plus près, c’est peut-être le regard de Gerrard qui mérite d’être interrogé. En évoquant sans cesse ce transfert, il perpétue une lecture partielle de l’histoire, teintée d’animosité personnelle. Diouf, lui, n’a pas eu la carrière qu’il espérait à Liverpool, mais il a marqué le football africain d’une empreinte indélébile.
Au fond, cette querelle dépasse les statistiques. Elle parle de respect, de reconnaissance et de différences culturelles. Gerrard, le héros local, et Diouf, l’étoile venue d’ailleurs, n’ont jamais parlé la même langue – ni sur le terrain, ni en dehors. Mais c’est justement cette tension, entre deux visions du jeu et de la vie, qui rend leur affrontement si fascinant. Et peut-être, qu’en définitive, l’erreur monumentale n’était pas celle de Liverpool… mais celle d’un jugement trop personnel pour être juste.
Questions fréquentes sur le clash entre Steven Gerrard et El-Hadji Diouf
El-Hadji Diouf estime que Steven Gerrard n’a jamais été un véritable leader de vestiaire à Liverpool. Il l’accuse d’un manque d’humilité et de respect envers certains coéquipiers, notamment africains, durant leur passage commun chez les Reds.
Steven Gerrard a affirmé qu’El-Hadji Diouf « n’avait rien apporté à Liverpool » et qu’il ne partageait pas les valeurs du club. Ces propos, jugés durs par certains, ont relancé une vieille rivalité entre les deux anciens joueurs des Reds.
Beaucoup estiment que Gerrard aurait dû faire preuve de plus de respect envers Diouf, un joueur qui reste une légende en Afrique. Pour ces fans, les propos de Gerrard manquent de classe, surtout venant d’un capitaine censé représenter l’unité du groupe.