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Bineta Diédhiou, la lionne que le Sénégal doit enfin célébrer

‎Dès ses premiers pas sur le tatami, Bineta Diédhiou a su imposer sa présence comme une véritable lionne du taekwondo sénégalais. Née à Dakar en 1986, elle a grandi au camp Abdou Diassé, dans un environnement marqué par la discipline et le respect. Son père, maître de taekwondo et fonctionnaire de police, fut son premier mentor.

Elle se souvient de ses nuits passées au bord du tatami, suçant son pouce après l’entraînement, comme pour absorber l’énergie du lieu qui allait forger toute sa vie. Ce sport est devenu pour elle bien plus qu’une passion, c’était son foyer, sa famille, son identité. Très vite, son talent et son mental d’acier l’ont propulsée au sommet d’un art martial où la rigueur est reine.

Au fil des années, Bineta Diédhiou a écrit l’une des plus belles pages du sport sénégalais. Première Sénégalaise médaillée mondiale de taekwondo avec un bronze aux championnats du monde 2005 à Madrid, elle a ensuite participé aux Jeux Olympiques de 2008 et 2012, portant fièrement le drapeau du Sénégal à Pékin.

Quadruple championne d’Afrique, championne du monde francophone à quatre reprises, douze fois championne du Sénégal, vice-championne d’Afrique par équipe et lauréate du Lion d’Or 2007, récompensant le meilleur sportif sénégalais, elle incarne la réussite forgée dans la sueur, la discipline et la foi. Sa modestie, pourtant, contraste avec son palmarès. Bineta n’a jamais revendiqué sa gloire, elle l’a simplement vécue comme un devoir envers sa patrie.

Une héroïne nationale en quête de reconnaissance

‎Et pourtant, malgré ce parcours exemplaire, Bineta Diédhiou demeure une icône encore trop peu reconnue.
‎Ses médailles, ses efforts, et ses engagements ont souvent été salués à l’étranger… plus qu’au Sénégal.
‎Elle n’a jamais reçu de soutien matériel à la hauteur de son parcours : ni terrain, ni véhicule, ni accompagnement financier durable de la part de l’État. Rien de concret pour celle qui a porté les couleurs nationales sur les plus hautes marches du sport mondial.
‎C’est regrettable, voire douloureux, de constater que certaines figures de notre histoire sportive, véritables ambassadrices du pays, ne bénéficient d’aucune reconnaissance tangible. Mais Bineta n’a jamais cessé d’avancer. Elle se bat toujours, non plus avec ses poings et ses pieds, mais avec son cœur et sa détermination à bâtir quelque chose de plus grand que sa propre carrière.

Binta Diédhiou, une formatrice et bâtisseuse d’avenir

‎Elle a fondé l’Académie Bineta Diédhiou, un projet social et sportif ambitieux dédié aux enfants des rues et aux femmes vulnérables. Cette académie est bien plus qu’un centre d’entraînement, c’est un sanctuaire d’espoir où se croisent l’éducation, la protection et la transmission. Bineta veut donner à ces jeunes et à ces femmes les outils pour se relever, pour croire de nouveau en leur force.

Elle souhaite que chaque enfant retrouve le sourire à travers le sport, et que chaque femme apprenne à se défendre, à marcher la tête haute. Elle déclarait récemment dans un entretien accordé à Seneweb : « Aujourd’hui, le terrain est disponible, les plans et statuts sont prêts, ainsi que le permis de construire. Il ne manque plus que le soutien nécessaire pour ériger ce projet qui me tient profondément à cœur et qui, j’en suis convaincue, servira toute la société. » Ses mots résonnent comme un appel à la solidarité nationale, un cri du cœur d’une championne qui veut redonner ce que le sport lui a offert.

‎Engagée, passionnée et toujours tournée vers la jeunesse, Bineta Diédhiou continue d’écrire son histoire au-delà du ring. Elle forme actuellement l’équipe nationale junior de taekwondo, dans la perspective des Jeux Olympiques de la Jeunesse 2026, qui se tiendront pour la première fois sur le sol africain, au Sénégal. Cette mission symbolise une nouvelle étape de son parcours : celle d’une femme devenue formatrice, d’une athlète devenue mentor. Elle prépare la relève avec la même rigueur et le même amour du pays qui ont guidé toute sa carrière.

Toujours avide de progrès, elle a décidé d’élargir ses horizons en se formant au management du sport, au sponsoring et à l’entrepreneuriat. Pour elle, la force du corps doit aller avec la puissance de l’esprit. Cette vision holistique du sport fait d’elle bien plus qu’une athlète : une bâtisseuse d’avenir. À travers son académie et son rôle de coach, elle cherche à semer les graines d’une nouvelle génération d’athlètes conscients, disciplinés et fiers.

Bineta Diédhiou incarne la noblesse du sport sénégalais. Elle est cette figure qui inspire le respect sans jamais l’exiger, qui porte haut les valeurs du courage et de la persévérance. À chaque combat, à chaque initiative sociale, elle prouve qu’un champion, c’est avant tout quelqu’un qui refuse d’abandonner, même quand la lumière des projecteurs s’éteint. Son parcours rappelle que la vraie victoire ne se mesure pas seulement en médailles, mais dans la capacité à transformer sa réussite en service pour les autres.

Bineta, une lionne, un héritage vivant

‎Aujourd’hui, elle symbolise une fierté nationale, une icône de résilience et de modestie. Elle est la preuve vivante que le Sénégal peut rayonner à travers ses enfants, ses femmes et ses athlètes. Du camp Abdou Diassé aux Jeux Olympiques, de la médaille mondiale à la salle d’entraînement où elle forme la relève, Bineta continue de marquer son époque. Sa vie est un combat lumineux, un combat pour l’honneur, pour l’avenir et pour la transmission. Elle a grandi dans le taekwondo, elle y a tout donné, et elle en a fait un langage universel d’amour, de discipline et d’espoir.

‎Son destin, c’est celui d’une lionne du Sénégal, fière, humble et déterminée.
‎Elle a combattu sur tous les fronts : sur les tatamis, dans les salles d’entraînement, et aujourd’hui sur le terrain social.
‎Elle nous rappelle que la grandeur d’un pays ne se mesure pas seulement à ses infrastructures, mais à la reconnaissance qu’il accorde à ceux qui l’ont fait briller.

‎Bineta Diédhiou, c’est plus qu’un nom : c’est une leçon de courage, une source d’inspiration et un modèle d’excellence que le Sénégal doit reconnaître et célébrer de son vivant.

Auteur : Ousmane DIOP
Publié le : Dimanche 19 octobre 2025

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