AccueilFoot SénégalEntretien exclusif EBRMedias : Malick Daf, entre défis et ambitions

Entretien exclusif EBRMedias : Malick Daf, entre défis et ambitions

‎Dans cet entretien exclusif accordé à EBRMedias, Malick Daf, désormais sur le banc du Teungueth FC, revient sur son parcours exceptionnel, son départ du Jaraaf, et ses nouvelles ambitions avec le club rufisquois. Entre expérience, humilité et soif de victoires, le technicien sénégalais dévoile les dessous de son choix, son plan pour bâtir une équipe compétitive et sa vision du football local.

‎Champion avec le Jaraaf, ancien sélectionneur des U17 et U20 du Sénégal, il incarne une génération d’entraîneurs locaux qui ont fait leurs preuves. Et pour lui, chaque étape est un défi à relever.

Un départ du Jaraaf surprenant mais assumé

‎Quelques semaines après avoir offert un nouveau titre de champion du Sénégal au Jaraaf de Dakar, Malick Daf a surpris tout le monde en annonçant son départ. Pour beaucoup, il était lancé sur un nouveau cycle avec le club de la Médina. Mais lui, voit les choses autrement :

« Oui, la motivation y est toujours. Je suis un homme de défis, et j’aime aller dans les grands clubs pour gagner. Je l’ai fait avec les sélections jeunes, je l’ai fait avec le Jaraaf, et aujourd’hui, c’est un nouveau challenge avec le Teungueth FC. »

‎Un choix assumé, motivé par le goût du challenge et le respect pour un projet solide : ‎« Quand Teungueth m’a proposé, je n’ai pas hésité. C’est un grand club, bien structuré, avec un président exemplaire comme Babacar Ndiaye. Le projet m’a parlé, tout simplement. »

‎Pour Malick Daf, ce passage à Rufisque n’est pas une simple transition. C’est une nouvelle aventure, un pari sportif et humain, dans un environnement qui a tout pour performer.

Teungueth FC, un nouveau départ sous le signe du travail

‎Fraîchement nommé, Malick Daf a signé un contrat de trois ans avec le club rufisquois. Un bail qui s’inscrit dans la durée, à l’image de sa vision.

‎« À court terme, il faut bâtir une équipe compétitive. À moyen terme, viser un titre et représenter le Sénégal sur la scène africaine. Et à long terme, pourquoi pas gagner un trophée continental. »

‎L’ancien coach du Jaraaf veut poser des bases solides. Pour lui, le succès se construit dans la continuité, pas dans la précipitation.

‎« Il faut rester humble, calme, et construire pas à pas. Le championnat est la priorité avant de penser à l’Afrique. Rien n’est impossible si on croit au travail. »

‎Son message est clair : patience, cohérence et exigence.

Une préparation sérieuse à Toubab Dialaw

‎Pour bien entamer la saison, le Teungueth FC a choisi de se retrancher à Toubab Dialaw pour sa préparation. Une retraite sportive bénéfique, selon le coach.

‎« La préparation s’est très bien passée, Alhamdoulilah. Le club nous a mis dans d’excellentes conditions, il faut remercier le président et tout le staff. Les joueurs ont montré beaucoup d’envie et d’implication. »

‎Sous ses ordres, la discipline et la rigueur sont des mots d’ordre. Il insiste sur la nécessité de garder les pieds sur terre et de continuer à progresser.

‎« L’équipe commence à prendre forme, mais il faut toujours se remettre en question. C’est le seul moyen d’avancer. »

Des racines solides dans le football de formation

‎Difficile d’évoquer Malick Daf sans parler de son riche parcours dans le football de jeunes. Ancien entraîneur des U17 et U20 du Sénégal, il a contribué à révéler plusieurs talents aujourd’hui internationaux.

‎« En U17, j’ai gagné beaucoup de tournois internationaux, joué une Coupe d’Afrique et une Coupe du Monde. En U20, nous avons remporté la CAN 2023 et atteint les demi-finales du Mondial. Chaque catégorie m’a apporté une expérience unique. »

‎Ces années en sélection lui ont permis de forger une philosophie claire : former, responsabiliser et gagner.

‎« La formation, ce n’est pas la compétition. Mais j’ai eu la chance d’allier les deux. J’ai appris auprès de grands noms : Lamine Dieng, Socé Fall, Joseph Koto, Mayacine Marr… Tous m’ont transmis quelque chose. »

‎Avec humilité, il rappelle que ses succès ne sont pas le fruit du hasard : ‎« J’ai travaillé à Diambars, une école de haut niveau. Ces années m’ont façonné. La formation, c’est un pilier pour tout entraîneur qui veut durer. »

La transition entre sélection et club : un exercice d’équilibriste

‎Passer des sélections nationales aux clubs n’est jamais simple. Pour Malick Daf, la différence se situe dans le rythme de travail et la gestion du groupe.

‎« En sélection, on travaille sur des périodes courtes, avec des joueurs qu’on ne voit pas souvent. En club, on vit avec eux au quotidien. On peut construire, corriger, expérimenter. C’est différent, mais passionnant. »

‎Il souligne également la dimension psychologique du métier : « Il faut savoir gérer les hommes. Un bon entraîneur, c’est quelqu’un qui comprend ses joueurs, qui sait quand parler et quand se taire. »

‎Pour lui, le football n’est pas qu’une science tactique. C’est une question d’énergie, de confiance et de cohésion.

Malick Daf, la vision d’un entraîneur moderne

‎À la question de savoir quelles sont les qualités indispensables d’un coach au Sénégal aujourd’hui, il répond sans détour : ‎« L’adaptation. C’est la clé. Il faut savoir gérer un groupe, lire un match, corriger, s’ajuster. Et puis, il faut avoir cette baraka, cette chance, car le football reste imprévisible. »

‎Il défend une idée simple : un entraîneur doit rester curieux et ouvert.

‎« Le football évolue, les méthodes aussi. Il faut se former, observer, échanger. L’époque où on se contentait du talent brut est révolue. Aujourd’hui, tout repose sur la méthode. »

Un regard bienveillant sur la LSFP et l’évolution du football local

‎Interrogé sur l’initiative récente de la Ligue Sénégalaise de Football Professionnel (LSFP) avec le lancement de son premier hymne officiel, Malick Daf applaudit l’idée.

‎« C’est une belle initiative. La LSFP à un nouveau président : Babacar Ndiaye, peut-être qu’il est en train de continuer le travail qui était là. C’est quelqu’un que je connais c’est un bosseur, un travailleur infatigable. Il a voyagé avec autant de catégories U17 et U20.  Il a gagné autant d’autres trophées avec Youssouph Dabo avec moi et avec d’autres…. Il connaît le milieu, il faut le soutenir. »

‎Toujours mesuré, le coach insiste sur l’importance de l’unité des acteurs du football local.

‎« La réussite du football sénégalais passera par la solidarité. La LSFP doit être appuyée par tout le monde. Nous devons pousser dans le même sens. »

‎Pour lui, le Sénégal a atteint un niveau de maturité dans le football, mais il faut maintenant consolider les acquis, notamment dans l’organisation et la professionnalisation des clubs.

Sa philosophie de jeu : humilité, rigueur et collectif

‎À Rufisque, Malick Daf veut bâtir une équipe à son image : disciplinée, joueuse et ambitieuse.

‎« Teungueth FC est un club ambitieux, avec une base solide. Il y a deux ans, ils étaient champions. La saison passée, ils ont eu des difficultés, mais c’est une nouvelle ère. Avec un nouveau coach, de nouveaux joueurs, il faut laisser le temps au temps. »

‎Son credo est simple : le travail avant tout.

‎« Il faut être patient, garder l’humilité et se concentrer sur nos objectifs. Nous avons de très bons joueurs, un bon encadrement et des supporters formidables. À nous de tout mettre en œuvre pour ramener Teungueth à sa place : celle d’un club qui joue les premiers rôles. »

Un message fort aux supporters du Teungueth FC

‎Conscient du rôle essentiel du public rufisquois, le coach a tenu à s’adresser directement aux supporters.

« Je suis dans un Grand club, c’est une bases collectifs avec un président qui a beaucoup d’ambitions et nous avons l’un des meilleurs supporters du Sénégal. C’est une équipe qui a des supporters collé à leurs équipes passionner qui supportent tout le temps leurs équipes dans les bons et mauvais moment. Moi (Malick Daf) je dis que le club les appartient et que nous serons tous ensemble. En football y’a des hauts et des bas Mais tous ce qu’on doit faire c’est d’être patient et être à côté de l’équipe. Poussé l’équipe toujours vers la victoire et en fin nous prions pour qu’on puisse gagner quelques choses, mais tout dépendra de Dieu comme on dit humilité, travail, Unions des coeurs, restons en famille. Pour réussir nos objectifs.»

‎avant d’ajouter, dans un ton plein de sincérité : « En football, il y a des hauts et des bas. L’essentiel, c’est de rester soudés, de garder la foi et de travailler ensemble. L’humilité, le travail et l’union des cœurs, c’est ce qui nous mènera à la réussite. »

Un parcours marqué par la constance et la foi

‎À travers son discours, on devine un homme profondément attaché à ses valeurs : travail, foi et humilité. Des principes qu’il applique à chaque étape de sa carrière.

‎Avant de poser ses valises au Teungueth FC, Malick Daf s’est construit un parcours solide marqué par la constance et la réussite. En tant que joueur, il a été deux fois champion du Sénégal avec le Port Autonome de Dakar en 1991 et 1993, un club avec lequel il a également remporté la Coupe du Sénégal en 2000, année où il portait le brassard de capitaine.

‎Quelques années plus tard, il a connu le succès sur le banc du même club en remportant le championnat national en 2005 avant de rééditer cet exploit avec le Jaraaf de Dakar en 2018 puis en 2025, confirmant ainsi son statut d’entraîneur à palmarès.

‎Son parcours l’a également mené dans d’autres clubs prestigieux du pays, notamment à Diambars et à l’US Ouakam, avant de retrouver le Jaraaf, où il a consolidé sa réputation d’homme de terrain proche de ses joueurs et fin connaisseur du football local. Il a été sacré champion de la Ligue 2 sénégalaise à deux reprises en tant qu’entraîneur : avec le Diambars FC en 2012, puis avec l’USTD Port (Port Autonome) lors de la saison 2012-2013, qu’il a contribué à faire remonter en Ligue 1.

‎Sur la scène internationale, il s’est illustré à la tête des sélections de jeunes, remportant deux fois le tournoi de l’UFOA U17 — en 2018 face à la Guinée (4-0) et en 2021 contre le Mali (2-0) — ainsi que le Tournoi International de Turquie U17 en 2019 et le Championnat d’Afrique du Nord U17 en 2018, où le Sénégal participait comme invité. En 2023, il a conduit la sélection U20 à la victoire en Coupe d’Afrique des nations, un titre historique pour le Sénégal. Quelques années plus tôt, en 2015, il avait déjà pris part à une aventure mondiale mémorable comme entraîneur adjoint du feu Joseph Koto lors de la Coupe du Monde U20 de la FIFA, conclue sur une place en demi-finale.

‎Avec le Jaraaf, il a également atteint la finale de la Coupe du Sénégal lors de la saison 2024-2025, une campagne marquée par le doublé presque parfait du club, sacré champion avant de s’incliner face à Génération Foot en finale.

‎Ce palmarès, il le relativise avec simplicité : « Tout vient de Dieu. J’ai beaucoup appris, beaucoup travaillé, et je rends grâce pour chaque étape franchie. »

‎Un symbole du renouveau des entraîneurs locaux

‎Avec son parcours, Malick Daf incarne une nouvelle génération d’entraîneurs sénégalais capables de rivaliser avec les meilleurs. Sa réussite rappelle que la compétence locale peut triompher, à condition d’y croire.

« Nous avons d’excellents techniciens au Sénégal. Ce qu’il faut maintenant, c’est leur donner les moyens et la confiance. Je pense que les résultats récents des clubs et des sélections le prouvent. »

‎Sous ses airs calmes, le coach du Teungueth FC porte un message de fierté et d’espoir pour tout le football sénégalais : croire en ses propres forces.

‎En rejoignant le Teungueth FC après un nouveau sacre avec le Jaraaf, Malick Daf ne tourne pas une page : il en ouvre une autre. Celle d’un coach ambitieux, fidèle à ses principes, convaincu que la réussite passe par le travail, la patience et la cohésion.

‎Son passage des sélections aux clubs prouve sa capacité d’adaptation et sa vision globale du football sénégalais.
‎Entre défis sportifs et ambition collective, son aventure à Rufisque s’annonce comme une nouvelle étape clé d’un parcours déjà exemplaire.

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