AccueilCoupe d'Afrique des NationsHabib Beye : “ La CAN n’est pas une compétition secondaire ”

Habib Beye : “ La CAN n’est pas une compétition secondaire ”

‎À deux jours du coup d’envoi de la CAN 2025 au Maroc, la même crispation revient. Joueurs libérés tardivement, préparation tronquée, sélectionneurs sous pression. Un scénario déjà vu, dénoncé cette fois avec force par Habib Beye, qui pointe une responsabilité collective et un déséquilibre devenu structurel dans le football mondial.

Une CAN 2025 reléguée par le calendrier international

‎À l’origine, la CAN 2025 devait se tenir durant l’été, entre juin et juillet, dans une logique sportive classique. Une fenêtre similaire à celles de l’Euro ou de la Coupe du monde. Mais la refonte du calendrier international en a décidé autrement. La FIFA a lancé son nouveau format de Coupe du monde des clubs à 32 équipes, programmé exactement sur cette période.

‎Le conflit était inévitable. Plusieurs internationaux africains évoluant dans des clubs qualifiés se seraient retrouvés face à un choix impossible : le club ou la sélection. La décision est tombée : la CAN a été déplacée en plein mois de décembre, du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026, au cœur de la saison européenne.

Un report accepté par la Confédération Africaine de Football, mais lourd de conséquences. Car en changeant de fenêtre, la CAN s’est mécaniquement retrouvée en concurrence directe avec les championnats, les coupes nationales et les compétitions européennes. Une concurrence qu’elle ne gagne jamais.

‎À deux jours du premier match, le constat est clair : les sélections africaines arrivent sans véritable temps de préparation collective, certaines n’ayant récupéré leurs cadres que quelques jours auparavant

Libérations tardives : six jours pour préparer un tournoi

‎C’est le cœur du problème. Le règlement FIFA prévoit, en principe, une mise à disposition des joueurs quinze jours avant une grande compétition internationale. Une règle pensée pour garantir une préparation équitable. Mais pour cette CAN 2025, une dérogation a été accordée.

‎Sous la pression de l’Association européenne des clubs, la FIFA a autorisé les équipes à conserver leurs joueurs jusqu’au 15 décembre. Résultat : seulement six jours de préparation pour certaines sélections avant le coup d’envoi.

‎Un délai jugé insuffisant par la majorité des sélectionneurs africains. Trop court pour assimiler un projet de jeu, trop court pour gérer la récupération physique, trop court pour créer une dynamique collective. Les clubs, eux, ont continué à utiliser leurs internationaux jusqu’au bout, parfois lors de rencontres à faible enjeu.

Interrogé sur cette situation par RFI, Habib Beye ne mâche pas ses mots :
« Ce problème est récurrent et il est dommageable pour l’image de la CAN et pour l’équité sportive. Libérer les joueurs à six jours du coup d’envoi, ce n’est pas suffisant pour préparer un grand tournoi. »

‎L’ancien défenseur international sénégalais va plus loin. Selon lui, cette gestion affaiblit volontairement la compétition et place les sélections africaines dans une situation d’infériorité structurelle.

“La CAN mérite la même considération que l’Euro”

‎Au-delà du calendrier, c’est la perception même de la CAN qui est en jeu. Dans son entretien, Habib Beye pointe un manque de reconnaissance persistant.
‎« Les clubs européens doivent comprendre que la CAN n’est pas une compétition secondaire. Pour beaucoup de joueurs africains, c’est la consécration d’une carrière, un rêve. Elle mérite la même considération que l’Euro ou la Coupe du monde. »

‎Un message fort, à l’heure où les intérêts économiques redessinent la hiérarchie des compétitions. La Coupe du monde des clubs, vitrine mondiale et produit commercial majeur, a clairement été priorisée. La CAN, elle, s’adapte. Encore.

‎Les joueurs africains se retrouvent ainsi au centre d’une tension permanente. D’un côté, des clubs qui investissent des millions et veulent maximiser leur rendement sportif. De l’autre, des sélections nationales qui n’ont que quelques jours pour préparer l’un des tournois les plus exigeants du calendrier international.

‎À deux jours du coup d’envoi de la CAN 2025, le débat n’est plus théorique. Il est concret, visible, mesurable. Préparations écourtées, organismes fatigués, staffs techniques contraints d’improviser. La compétition démarre, une fois encore, avec un handicap invisible mais bien réel.

‎Reste à savoir si cette CAN, sur le terrain, saura rappeler à tous qu’elle n’est ni un tournoi de substitution, ni une variable d’ajustement. Mais bien une compétition majeure, attendue, suivie, et vécue comme telle par tout un continent.

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