Vinícius Júnior ne comprend plus rien. En cinq journées de Liga cette saison, il a été remplacé avant la 80ᵉ minute à quatre reprises et a commencé une fois sur le banc. Aujourd’hui contre l’Espanyol, cette gestion a fini par provoquer sa colère, entre incompréhension et frustration. Et pour accentuer son agacement, il avait déjà dû accepter un rôle de remplaçant lors du premier match de Ligue des Champions face à l’Olympique de Marseille.
Le Real Madrid a pourtant remporté son match au Santiago Bernabéu 2-0, grâce à des buts d’Éder Militão et Kylian Mbappé, positionné en pointe. Vinícius, lui, avait livré l’un de ses matchs les plus complets depuis le début de saison. Plus vif, plus précis, il avait été décisif sur l’action du deuxième but madrilène. Mais son entraîneur, Xabi Alonso, a choisi de le sortir à la 77ᵉ minute. Le Brésilien, incrédule, a exprimé sa colère en jetant une bouteille d’eau au sol avant de quitter le terrain pour rejoindre directement les vestiaires. Quelques minutes plus tard, il est revenu s’asseoir sur le banc, aux côtés de ses coéquipiers, mais le malaise était palpable.
Cette scène n’est pas un simple coup de sang. Elle révèle un problème plus profond : la place de Vinícius dans le projet de Xabi Alonso. Depuis le début de la saison, le Brésilien n’a jamais joué 80 minutes dans un match de championnat. En quatre titularisations, il a systématiquement quitté le terrain avant la fin, et son unique apparition en tant que remplaçant, contre Oviedo, avait pourtant été décisive avec un but et une passe décisive en une demi-heure. Ses statistiques, deux buts et deux passes en Liga, ne traduisent donc pas une baisse de rendement. Elles soulignent au contraire son efficacité malgré un temps de jeu limité.
La différence avec la saison passée est flagrante. Sous Carlo Ancelotti, Vinícius était presque intouchable. Porté par la confiance de son entraîneur, il jouait la quasi-totalité des minutes. Aujourd’hui, sa situation a radicalement changé. Alonso ne le considère plus comme un titulaire indiscutable sur la durée d’un match, préférant gérer ses minutes avec rigueur, quitte à le frustrer.
Rien n’indique pour l’instant que cette gestion repose sur une raison médicale. Officiellement, le Brésilien est en pleine forme. Les choix d’Alonso semblent donc purement tactiques et stratégiques. L’ancien milieu de terrain, réputé pour sa rigueur, considère que la saison est longue et que ses joueurs doivent être ménagés pour éviter l’usure physique. Mais pour Vinícius, cette logique ne suffit pas. Habitué à rester sur le terrain jusqu’au bout, il vit mal ces sorties répétées, d’autant plus qu’elles interviennent souvent au moment où il se sent encore capable de faire la différence.
Son attitude face à l’Espanyol a envoyé un signal clair. Il ne veut pas être réduit à un rôle secondaire ou contrôlé par une gestion trop stricte. Les supporters madrilènes, eux, observent avec attention. Beaucoup s’interrogent : pourquoi limiter le temps de jeu d’un joueur qui reste l’un des plus décisifs de l’effectif ? Les médias espagnols s’en emparent, Marca et Diario AS évoquant déjà une tension grandissante entre le joueur et son entraîneur.
Ce bras de fer psychologique pourrait peser sur la suite de la saison. Vinícius est un joueur de caractère, habitué à être au centre du projet madrilène. Acceptera-t-il longtemps d’être remplacé avant la 80ᵉ minute, match après match ? Xabi Alonso, de son côté, ne semble pas vouloir céder sur sa philosophie de rotation. La gestion de ce dossier sera décisive, car à Madrid, les malentendus entre un entraîneur et une star n’ont jamais laissé le vestiaire indifférent.
Pour l’instant, les résultats du Real Madrid masquent la tension. Mais derrière les victoires, une autre bataille se dessine : celle de la confiance et du rôle de Vinícius Júnior dans ce nouveau Real. Et si rien ne change, la frustration pourrait bien se transformer en véritable fracture.